Critique IFFR : le film ‘Ema’ de Pablo Larraín avec Mariana Di Girolamo
par Forrest Cardamenis
3 février 2020
Avant la carte de titre dans Celui de Pablo Larrain film Ema est un plan suivant du personnage principal blond platine marchant au milieu d’une route déserte éclairée par des néons et du feu. C’est peut-être le seul élément d’auteur vraiment familier dans le dernier long métrage de Larrain. Ema marque le retour de Larrain dans son pays natal, le Chili, après des débuts réussis à Hollywood dans Jackieet il revient également, pour la première fois depuis Tony Manero, à un sujet apolitique. Il n’y a pas de coups d’État, d’émeutes ou d’assassinats dans Ema; personne ne meurt même. A la place, un couple de danseurs (Mariana Di Girolamo comme Ema et Gaël García Bernal comme Gastón) se dispute après qu’Ema ait renvoyé son fils en famille d’accueil après avoir immolé un membre de la famille, essayant alternativement de détruire et de réparer la famille atypique.
Le film a été co-écrit par le dramaturge Guillermo Calderónle scribe derrière Neruda et Le club, et comme ceux-là, il présente les caractéristiques d’un type de théâtre incarné par Harold Pinter, dans lequel les actions des personnages très ambiguës déroutent souvent mais intriguent toujours, rendant la recherche d’une interprétation cohérente difficile mais valable. Larrain, cependant, est un mélodramatiste et un optimiste dans l’âme. Il vit pour les grands discours révélateurs, les moments de vertu méconnue et la réaffirmation de valeurs morales clairement définies. Qu’il s’agisse de personnages fictifs ou historiques, ils ont tendance à être impuissants et victimisés, pris dans des situations aux enjeux presque incroyablement élevés. Une grande partie de l’intrigue de son travail vient de la tension entre ces modes concurrents, et Ema ne fait pas exception.
Ema est, du moins selon son partenaire Gastón, la meilleure danseuse de sa troupe de danse, et peut-être la seule à comprendre la danse et la musique comme plus que de l’exhibitionnisme, mais sa décision de renvoyer leur fils Paco en famille d’accueil envoie Gastón dans une chute libre, l’amenant à la réprimander ainsi que le reste de la troupe. Ema s’en sort à sa manière : elle demande le divorce et tente de séduire son avocat, d’autres danseurs et le nouveau père adoptif marié de Paco. Beaucoup de ces scènes sont jouées à la limite du réalisme hystérique, comme lorsqu’Ema, grâce à son esprit et sa volonté de danser sur une table, convainc son avocat de la laisser payer en coupes de cheveux et manucures, ou lorsque Gastón gronde Ema et deux amis pour leur danse et leurs goûts musicaux, qu’il considère comme aussi antithétiques que l’art à la manière anti-consumériste et anti-exhibitionniste standard. Dans une autre scène mémorable, Ema passe un entretien pour un poste d’enseignante avec un directeur tellement impressionné qu’elle dénonce sa propre position de figure d’autorité.
Certains ont soutenu, et ils n’ont pas tort, qu’aucune de ces personnes n’agit jamais comme des êtres humains. C’est vrai, mais le cinéma d’art et d’essai à son meilleur rejette souvent le réalisme mimétique, mais ces dernières années, ce style, propre aux industries du divertissement plus commerciales, a également failli conquérir l’art et essai. Des études de caractère plus fondées telles que Ema sont à la pelle. Ce qui rend celui-ci fascinant, c’est la façon dont il semble se combattre agressivement, la façon dont les personnages hystériques agissent sans que l’absurdité ne remplace jamais l’esthétique familière de Larrain. Parfois, comme lorsqu’un éclairage coloré et expressionniste menace de dominer les personnages, il semble que Larrain ne veuille pas s’engager pleinement. D’autres fois, il est extrêmement sérieux et ses interprètes talentueux vous convainquent que vous devriez l’être aussi.
La musique du film est composée par un Chilien-Américain Nicolas Jaar, l’un des maîtres contemporains de la musique électronique et ambiante, chargé ici de créer une musique reggaeton qui passe à peine le test, voire pas du tout. C’est un autre exemple d’une composante accomplie mais sans doute mal gérée du film qui, de par la nature même de son étrangeté, renforce à nouveau la réalité sur laquelle se déroule le film. Le résultat est la création d’un univers dans lequel coïncidence après coïncidence devient soudainement plausible, même s’il s’analyse comme s’il existait uniquement pour présenter un autre obstacle à son protagoniste. Le point culminant est une fin si bizarre qu’elle jouerait comme une parodie sans le moralisme sincère affiché, mais cette tension joue encore une fois en faveur du film. Les différents responsables de ce film sont tous visiblement talentueux, mais disposés de manière aléatoire. Que ce soit pour le meilleur ou pour le pire est, plus encore que la plupart des choses dans la vie, une question de préférence.
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Le texte ci-dessus est une traduction automatique. Source: https://www.firstshowing.net/2020/iffr-review-pablo-larrains-film-ema-starring-mariana-di-girolamo/?rand=21919