Dans « Memory », une femme hantée par son passé rencontre un homme qui s’accroche à peine au sien. C’est la configuration du drame artificiel du scénariste-réalisateur Michel Franco avec Jessica Chastain et Peter Sarsgaard, dont le travail dans ce cinéma d’exploitation artistique est suffisamment fort pour que l’on souhaite que leurs personnages se tournent vers un film entièrement différent.
Chastain incarne Sylvia, une alcoolique en convalescence qui travaille quotidiennement auprès d’adultes handicapés. Elle et sa douce fille adolescente, Anna (Brooke Timber), ont un appartement spacieux et ensoleillé dans un immeuble d’aspect industriel à Sunset Park, Brooklyn. Il y a un magasin de pneus à côté et plusieurs serrures sur la porte de leur appartement. Chaque fois que Sylvia rentre chez elle, elle ferme les serrures et arme l’alarme avec beaucoup de délibération, un rituel que Franco présente à plusieurs reprises. C’est une habitude qui, comme la méfiance et la réserve physique de Sylvia – elle n’établit pas facilement de contact visuel et a tendance à croiser les bras devant sa poitrine – souligne sa prudence.
Un soir, Sylvia et sa sœur, Olivia (la toujours bienvenue Merritt Wever), assistent à une réunion de lycée. Là, Sylvia, visiblement mal à l’aise, se replie sur elle-même, mais lorsqu’un homme – Sarsgaard dans le rôle de Saul – s’approche d’elle, elle se sépare pour des raisons qui ne deviennent douloureusement claires que plus tard. Il la suit dans le métro et jusqu’à la porte d’entrée de son immeuble, où il reste même lorsqu’il commence à pleuvoir. Le lendemain matin, Sylvia le trouve frissonnant et presque incohérent, assis par terre dans une roue de secours. Il s’avère que Saul souffre de démence précoce et vit dans son beau brownstone, surveillé par son frère pragmatique, Isaac (Josh Charles), dont la fille, Sara (Elsie Fisher), va et vient.
Bientôt, Sylvia commence à s’occuper de Saul à temps partiel, un travail qui devient intime puis, sans surprise, romantique. La relation ne s’articule pas dramatiquement, hélas, malgré la tendresse et l’engagement démonstratifs que les acteurs y apportent, et les multiples lacunes logiques de l’histoire n’aident pas. Cela n’a pas de sens qu’Isaac, qui se présente comme un professionnel assez important, n’ait aucune aide à l’arrivée de Sylvia, surtout compte tenu des ressources économiques évidentes de la famille. (Il me semble aussi avoir manqué la scène où il vérifie ses antécédents.) Comme le mari et les enfants d’Olivia, une collection de types fades, Isaac sert principalement d’accessoire bourgeois pratique sur lequel Franco peut se balancer avant de le faire exploser.
Chastain tient l’écran de manière fiable même si sa performance semble souvent trop étudiée plutôt que vécue, jamais plus que dans ses scènes avec Sarsgaard, dont l’expressivité délicate et vive-argent approfondit sensiblement à la fois le film et ses enjeux. On ne croit pas toujours au couple Sylvia et Saul, mais Sarsgaard donne envie. Certes, les deux acteurs vous donnent une raison de regarder ce film, qui devient d’autant plus compliqué et puis d’une folie moqueuse avec l’entrée de l’ex-mère de Sylvia, Samantha (une vive Jessica Harper dans le rôle de la maternité monstrueuse incarnée). Samantha, qui est restée en contact avec Olivia, envisage de déménager à proximité, surtout, semble-t-il, pour que Franco puisse détruire la fragile sérénité de Sylvia.
Franco, dont les films incluent “After Lucia” et “Sundown”, aime aborder ses histoires chargées d’angoisse (de viol, d’abus, de meurtre) avec un sang-froid relativement calculé et des attributs de film d’art. Il est évident dès le départ que Sylvia est profondément troublée, probablement par son passé. Bien que Franco répande des allusions ici et là, il retient également le pire jusqu’à une crise tardive et maladroitement mise en scène, remplie de larmes, de cris et de révélations laides et sans surprise. Si jusqu’à ce moment, Sylvia n’a pas encore pleinement abordé sa douleur – y compris lors des réunions des AA auxquelles elle participe – ce n’est pas parce qu’elle est particulièrement muette. Au contraire, Franco réserve sa grande révélation pour un maximum de punch narratif, transformant la souffrance d’une femme en un spectacle emballé.
Mémoire
Classé R pour la nudité masculine. Durée : 1h40. Dans les théâtres.
Le texte ci-dessus est une traduction automatique. Source: https://www.nytimes.com/2024/01/04/movies/memory-review.html?rand=21388