Quiconque habite le 13e arrondissement de Paris se demande peut-être quel réalisateur français Jacques Audiard avait en tête lorsqu’il a tourné son dernier film, Paris, 13ème arrondissement (titre original français : Les Olympiades) dans un quartier aussi terne de la ville, relativement éloigné de ses musées emblématiques, de ses monuments et de ses prodigieuses rangées d’immeubles de style haussmannien. L’arrondissement est principalement connu pour abriter la Bibliothèque Nationale de France, avec sa place vaste et sombre et une collection d’énormes peintures murales qui ajoutent de la couleur et de la vie à un quartier qui manque cruellement des deux.
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Le 13ème abrite également Les Olympiades, un ensemble de tours résidentielles qui sont en quelque sorte l’équivalent parisien du Stuyvesant Town de Manhattan. Construit au début des années 70 pour attirer de jeunes professionnels, il se présente aujourd’hui comme une monstruosité tentaculaire qui s’avère être l’endroit idéal pour la dissection rêveuse, captivante et minutieusement observée par Audiard de l’intimité juvénile et moderne. Surtout vu à travers les yeux (et, très souvent, les reins) de trois Parisiens sautant au lit, Paris, 13ème arrondissement contient de grandes quantités de relations sexuelles sans entrave avec des partenaires, souvent obtenues via un téléphone portable ou un ordinateur portable. Mais le sexe existe à un niveau égoïste, conséquence de la déconnexion interpersonnelle causée par les écrans et dont le trio principal d’Audiard, composé de vingt et trente ans, ne se rend même pas compte qu’il souffre.
Cela peut sembler être le comble de la folie des baby-boomers de la part d’Audiard, 69 ans, de penser qu’il peut haranguer un public deux fois plus jeune pour qu’il rejette ses prédilections en ligne et se déconnecte pour trouver une véritable connexion. Pourtant, considérer le film comme un yada yada ennuyeux sur des millennials insipides glissant vers la droite dans une recherche chimérique d’un attachement émotionnel profond est réducteur. Surtout parce qu’Audiard se soucie moins des raisons que des résultats qu’il documente avec une nonchalance si soigneusement mesurée qu’il est facile d’ignorer les instants fugaces où la conception schématique du film apparaît. Les signifiants de l’expérience millénaire – téléphones portables, chats sur le Web, pornographie sur Internet, applications de rencontres – sont tous là, mais ne sont que de simples outils employés, avec furtivité et style, pour suggérer que le rythme numérique de la vie urbaine rend difficile la tâche de deux âmes solitaires. être sur la même longueur d’onde.
C’est certainement le cas d’Émilie et Camille. Franco-Taïwanaise instruite et impétueuse qui perd son temps comme opératrice de centre d’appels, Émilie (la pétillante nouvelle venue Lucie Zhang) est à la recherche d’un colocataire lorsqu’elle rencontre Camille (Makita Samba, génial), un bel homme noir sur le point de quitter son poste d’enseignant. pour obtenir son doctorat. Au cours de ce qu’il appelle les questions-réponses de leur colocataire, il décrit sa vie amoureuse en admettant : « Je canalise ma frustration professionnelle vers une activité sexuelle intense. » Elle résume la sienne par « baiser d’abord, voir plus tard ». Les deux finissent par partager l’appartement, puis un lit. Plus tard, il coupe court en déclarant qu’il ne cherche pas de petite amie, puis la bouleverse encore davantage en ramenant à la maison une autre femme.
Pour Audiard, Paris, 13ème arrondissement marque une étape notable en dehors de sa timonerie de genre de drames policiers masculins comme Un prophète. La seule violence ici est un seul (et génial) foin au visage. Mais sa sensibilité contemporaine et tenace est bien adaptée à une histoire comportant plus que sa part de cruauté occasionnelle tandis que ses personnages, avec leurs cœurs brisés et leurs âmes en recherche, font ressortir son côté sensible. Le scénario est co-écrit par Audiard, Léa Mysius et notamment Céline Sciammale brillant scénariste/réalisateur de Portrait d’une dame en feu et Jeunesse. Les personnages féminins de Sciamma sont souvent délicatement tissés, mais ils sont forts, déterminés, et accessible, surtout en cas de crise.
Prenez Nora (l’exceptionnelle Noémie Merlant de Portrait d’une dame en feu), un trentenaire nerveux socialement et sexuellementquelque chose d’étudiant en droit fraîchement installé à Paris après avoir fui une relation abusive à Bordeaux. Lorsqu’elle enfile une perruque blonde pour assister à une rave, elle est prise pour la star de la sex cam Amber Sweet (Jehnny Beth, du groupe de rock anglais Savages). Par la suite, humiliée sexuellement pendant les cours par ses camarades de classe ricanants (l’expression sur le visage de Merlant alors qu’elle essaie de garder le cap est déchirant), elle abandonne l’école. Un mois plus tard, une Nora curieuse réserve une session en ligne avec Amber, le personnage majeur le moins développé qui fonctionne principalement comme l’image miroir sexuellement libérée de Nora.
L’histoire de Nora et Amber est la plus proche de l’inspiration d’Audiard, trois histoires tirées du Nerf optique série de romans graphiques du dessinateur américain Adrian Tomine. Si Tomine parvient naturellement à entrer dans la tête de Nora mieux que n’importe quel cinéaste, Audiard fait preuve d’un grand respect et d’une grande chaleur envers Nora et Amber, dont la relation se déroule pourtant de manière assez simple. Plus tard, la rondelet romantique boucle la boucle en un instant lorsque Nora accepte un emploi dans une agence immobilière gérée par Camille. Après que Nora ait initialement établi certaines limites sur le lieu de travail, leurs vêtements ne tardent pas à se détacher.
Malgré ces brefs moments où les coutures apparaissent, l’alchimie directe de l’excellent casting multiculturel suggère, de cette manière typiquement française, des personnes imparfaites agissant de leur propre gré. Audiard adopte une approche humaine et sans jugement envers ses personnages, refusant de les torturer pour faire une grande déclaration sur l’amour à l’époque des téléphones portables. Néanmoins, Paris, 13ème arrondissement est un ajout mineur au remarquable canon d’Audiard. Cela s’inscrit parfaitement dans les déconstructions relationnelles bavardes comme celle d’Éric Rohmer. Ma nuit chez Maudcelui de Woody Allen Manhattan, et, plus récemment, celui de la France Histoire(s) d’amour et le candidat norvégien aux Oscars, La pire personne au monde.
Se déroulant à un rythme détendu et richement mis en valeur par les images soyeuses en noir et blanc du directeur photo Paul Guilhaume, Paris, 13ème arrondissement est un message franc, intime, et un examen authentique des obstacles qui empêchent les jeunes citadins de se connecter. De l’autre côté de ces obstacles (généralement auto-imposés) se trouve la connaissance de soi qui conduit à un désir de réinvention personnelle. Le point de conclusion d’Audiard est que l’étincelle de la réinvention ne s’allumera pas sur un Samsung Galaxy S22 ou un MacBook Pro. Il y a une raison pour laquelle le plan final du film est un téléphone filaire vieux de 50 ans.
Le texte ci-dessus est une traduction automatique. Source: https://www.avclub.com/paris-13th-district-review-jacques-audiard-celine-sciam-1848680369?rand=21406