KVIFF 2022 : « Ramona » est une RomCom pleine d’esprit et d’Espagne

KVIFF 2022 : « Ramona » est une RomCom pleine d’esprit et d’Espagne

par Tamara Khodova
21 juillet 2022

Chaque génération mérite sa propre nouvelle version de la comédie romantique. Le problème est qu’aujourd’hui, ce genre est devenu marginalisé et négligé parce qu’il romantise les relations abusives et encourage des comportements destructeurs. Les jeunes réalisateurs ont donc décidé de déguiser leurs nouvelles comédies romantiques en films sur la recherche de soi et la compréhension de soi avant de se sentir à l’aise dans une relation. Cinéaste espagnol Andrea Bagney premier long métrage Ramone, présenté en première au Festival de Karlovy Vary 2022, ne fait pas exception à cette règle. Le film explore cette lutte complexe pour comprendre la suite de la vie d’une jeune femme. Il est filmé en noir et blanc à l’ancienne, inspiré du cinéma français classique.

Après quelques années à New York, Ramona (Lourdes Hernández) rentre chez elle à Madrid avec l’intention de tout recommencer à zéro. Elle a une audition importante qui pourrait l’aider dans sa carrière d’actrice naissante, mais juste avant cela, elle suit la bonne vieille tradition espagnole et va dans un bar. Là, elle entame une conversation avec un gars appelé Bruno (Bruno Lastra) qui se transforme rapidement en une discussion animée sur le mauvais état du monde. Les cafés du matin sont bientôt remplacés par des bières l’après-midi et des shots occasionnels. Ramona et Bruno poursuivent leur discussion dans les rues ensoleillées de Madrid. On dirait que c’est le début classique d’une histoire d’amour, mais Ramona a une opinion différente à ce sujet. Elle a déjà un partenaire, Nico, et elle l’aime beaucoup. Attends quoi? Oui, c’est vrai, vous l’avez bien entendu. Elle ne sait pas que le lendemain matin, elle se rendra à l’audition pour ce film qui ouvre les portes et que Bruno le réalisera.

Il y a quelque chose dans les réalisateurs modernes et les histoires de femmes dans la trentaine. De nombreux films comme celui-ci sont sortis ces dernières années : La Planète et La Vierge auguste à la fois d’Espagne et La pire personne au monde de Norvège (qui a été nominé pour deux Oscars). Ramone correspond parfaitement à l’archétype établi par ces autres films. C’est une jeune femme qui a essayé beaucoup de choses différentes dans la vingtaine qui ne lui apportent plus satisfaction. Mais que fait-il maintenant ? Elle n’en a aucune idée. Comme Joachim Trier nous l’a déjà montré, parfois la pire personne au monde, c’est soi-même, et il est difficile de faire quoi que ce soit.

La titulaire Ramona est interprétée par une auteure-compositrice-interprète espagnole, Lourdes Hernández, également connue sous le nom de “Rouge Russe” qui définit son personnage à travers une série de monologues. Techniquement, Ramona les prépare pour ses auditions mais il n’est pas difficile de comprendre que cela vient en grande partie de ses propres expériences personnelles. Elle accepte à contrecœur de jouer dans le film de Bruno, alors il essaie de Apprenez à mieux la connaître en la plaçant devant la caméra et en l’incitant à lui parler d’elle. Dans ces moments, ce film en noir et blanc passe soudainement à la couleur pour nous rappeler que nous regardons Ramona à travers l’objectif de la caméra. Ce sont les seuls moments où l’on peut comprendre ce qui se passe réellement dans sa tête. C’est une belle astuce, même si plus le réalisateur l’utilise, plus cela semble artificiel.

Nico et Bruno sont des métaphores vivantes du passé et de l’avenir de Ramona. Aucun d’eux n’est bon ou mauvais. C’est soit le désir de Bagney de montrer que dans les relations modernes, plus personne n’est toxique les uns envers les autres, soit une autre caractéristique (plutôt malheureuse) de la romance cinématographique moderne qui est une tentative d’apaiser les choses. Dans la plupart des films, cela se traduit par une narration plutôt ennuyeuse (Épouse-moi est un bon exemple), mais Bagney parvient à le garder énergique grâce à un conflit intérieur fascinant. C’est quand même volontairement ennuyeux dans la mesure où le réalisateur veut nous montrer un vrai quotidien avec ses petites victoires et ses petites peines.

Ramone le film offre un sentiment de solidarité et sert de preuve que vous n’êtes pas le seul à être perdu. Les personnages des histoires de passage à l’âge adulte vieillissent de plus en plus, comme si nous nous accrochions à nos rêves d’enfant jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de prétendre que la vie d’adulte n’existe pas. Ce qui est drôle, c’est que même lorsque vous comprenez enfin ce que vous voulez vraiment, même si ce n’est que “beaucoup d’enfants, fumant 10 paquets par jour et étant maigres”, il n’est pas si facile de comprendre comment en faire une réalité et ne vous perdez pas en chemin. Ramona, la personne, doit faire face à ses peurs et ce genre de luttes intérieures est toujours fascinant à regarder à l’écran, surtout parce que ce n’est pas le public qui doit y faire face.

La note de Tamara : 7 sur 10
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