Décrire l’intrigue d’un film est l’une des tâches fondamentales d’une critique de film. Mais parfois, une intrigue résiste à la description, parce qu’elle est trop ambiguë pour être mise en mots ou parce que cela gâcherait l’élément de surprise. Les deux raisons s’appliquent à Titane, le deuxième long métrage de la réalisatrice française Julia Ducournau, qui a fait tourner les têtes et les estomacs avec son premier film, l’histoire cannibale du passage à l’âge adulte Brut. Résumer son nouveau film serait à la fois difficile et ridicule.
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Disons simplement que le lauréat surprise de la Palme d’Or de cette année, c’est-à-dire le premier prix du Festival de Cannes, concerne les corps. Des corps jeunes à la peau tendue sur des muscles durs comme la pierre, et des corps vieillissants désespérés de retrouver la souplesse de la jeunesse. Corps traumatisés, corps incontrôlables, corps en pleine transformation. Il y a beaucoup de rebondissements dans ce film, mais en dessous il y a une constante : l’agonie d’être piégé à l’intérieur d’un corps humain et le désir irritant et agité de le transcender.
L’œuvre de Ducournau est parfois comparée à celle de David Cronenberg, et cela sonne vrai dans le sens où tous deux sont obsédés par l’érotisme du dégoût et les possibilités d’une « nouvelle chair ». Pourtant, les similitudes entre Titane et celui de Cronenberg Accident ont été exagérées. Après tout, une prédilection sexuelle pour les voitures n’est qu’un aspect de notre héroïne, Alexia (Agathe Rousselle), et de son psychisme foutu. Dans la scène d’ouverture du film, nous la voyons comme une jeune fille provocante, donnant des coups de pied dans le siège auto de son père alors qu’ils roulent à toute vitesse sur une autoroute côtière française. L’accident qui en résulte et l’installation d’une plaque de titane dans son crâne devraient apaiser son esprit rebelle. Ce n’est pas le cas.
Tout au long du film, Alexia, une adulte, agit de manière impulsive et dans son propre intérêt, ses motivations semblant mystérieuses même pour elle-même. Est-elle ainsi à cause du métal dans sa tête, dont la présence est continuellement annoncée par une cicatrice bulbeuse en forme de fougère ? Ou était-elle une créature féroce avant même l’accident, une créature dont la capacité innée de violence avait simplement fait surface à la suite d’un grave traumatisme crânien infantile ? Ducournau laisse cette question ouverte, apportant peu de réponses solides.
Si les corps sont une prison Titane, le sexe l’est particulièrement. Au début, Alexia travaille comme mannequin dans un salon automobile, se tordant sinueusement sur le capot d’une Cadillac peinte à la flamme pour le plaisir d’une foule de spectateurs (principalement masculins). Ducournau filme cette performance hyper-féminine en gros plan sexuellement chargé, puis la complique tout au long du reste du film. Le thème devient encore plus important lorsqu’Alexia finit par s’écraser, à cause de complications qu’il est préférable de ne pas révéler ici, dans une caserne de pompiers dirigée par le grisonnant Vincent (la star française Vincent Lindon). Où Brut a utilisé une scène de fête d’étudiants d’une école vétérinaire pour représenter l’éveil sexuel des adolescents, Titane accentue le symbole genré du beau pompier sous une lumière blanche angélique et des jets de bière provenant de gobelets en plastique rouges. Rousselle, dans son premier rôle au cinéma, passe une grande partie du film nue, bien qu’elle porte une prothèse. L’horreur du corps est visible sur votre visage, tout comme le commentaire sur le genre.
Quelques fioritures stylistiques, comme l’éclairage coloré de style Dario Argento et les chants menaçants qui donnent un sentiment de malheur à la partition de Jim Williams, sont issus de Brut. (Williams et le directeur de la photographie Ruben Impens ont également travaillé sur ce film, alors voilà.) D’autres sont nouvellement accentués : les gouttes d’aiguille rétro-kitsch acquièrent une résonance pulpeuse et tarantinoesque en étant associées à des scènes d’une violence extrême. Bien que ce film soit trop impénétrable pour plaire au public à minuit, les chiens gore apprécieront un meurtre sadique impliquant un tabouret de bar, sur le thème “She’s Not There” des Zombies.
Titane a également un sens de l’humour méchant, et parfois il semble que tout cela soit un peu ridicule pour Ducournau, qui élabore un enchevêtrement compliqué de thèmes de manière exacerbée et surréaliste. Finalement, le film prend une tournure inattendue pour le doux, bien que, naturellement, non sans nuances de perversité. Les personnages largement esquissés et les motivations ambiguës rendent ce changement un peu difficile à avaler, mais le fait qu’Alexia et Vincent, tous deux cinglés à part entière, puissent avoir une certaine affection l’un pour l’autre n’est pas plus déroutant qu’autre chose dans le film.
Dans ses deux traits, DuCournau a fait preuve d’une fascination pour la féminité sauvage et le côté animal de la nature humaine. Et quiconque a vécu avec des animaux sait qu’ils fonctionnent selon leur propre logique, une logique qui n’a rien à voir avec la morale « civilisée ». À cette fin, Titane C’est un peu comme un chat qui laisse tomber une souris morte aux pieds de sa personne : c’est choquant et plutôt grossier, mais au fond, c’est un geste d’amour.
Le texte ci-dessus est une traduction automatique. Source: https://www.avclub.com/horniness-for-cars-is-just-one-outrageous-aspect-of-thi-1847771215?rand=21406