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NYFF 2020 : Le prix et le pouvoir de la narration dans « La Nuit des Rois »

NYFF 2020 : Le prix et le pouvoir de la narration dans « La Nuit des Rois »

par Michel Franck
16 octobre 2020

Revue de la Nuit des Rois

Celui de Philippe Lacôte Nuit des Rois suit un jeune pickpocket lors de sa première nuit à la « MACA », l’une des principales prisons d’Abidjan, la plus grande ville de Côte d’Ivoire. En tant que candidat de la Côte d’Ivoire pour le long métrage international à la prochaine cérémonie des Oscars, Nuit des Rois a le pouvoir et la narration d’injecter sa réalité dans la catégorie. Acteur pour la première fois Koné Bakary incarne Roman, les yeux écarquillés et peu assuré, le nom du conteur sélectionné pendant la lune rouge, une tradition bien réelle toujours en vigueur au MACA. Choisi par le chef de facto de la prison, “Barbe Noire” (Steve Tientcheu), Roman doit raconter une histoire pendant toute la nuit, l’échec lui coûtant la vie. Dans un film aux enjeux élevés et à la violence visible, Nuit des Rois se déroule comme une ballade, une ode au poids et à l’humanité de la narration et au besoin de tradition.

A la prison MACA (« La Maca »), les gardiens n’interviennent pas dans la vie carcérale. Ils patrouillent dans les murs, tandis que les prisonniers eux-mêmes ont établi une hiérarchie, des modes de vie coutumiers et un ensemble de règles claires. Pour son histoire, Roman raconte l’histoire du Roi Zama, un chef de gang violent et connu à Abidjan. Cela semble s’étendre sur des siècles, alors que Roman ajoute couche après couche à cette histoire d’origine imprégnée de violence. Tout en sachant que son destin est entre ses mains, à chaque note ajoutée, il gagne en confiance, grâce à l’aide du seul détenu blanc de la prison (Denis Lavant). Cette résonance est ressentie par les prisonniers et constitue un exemple des aspects mythiques de la narration, thème de plusieurs films projetés au Festival du film de New York cette année.

Même si une première anxiété peut être entendue dans la voix de Roman, il comprend sa place dans la prison. Comme Barbe Noire, il a, d’une manière ou d’une autre, une idée de la façon dont cette nuit se déroulera. Pour Barbe Noire, malade et prêt à mourir, ce sera sa dernière nuit en vie, alors qu’il réfléchit à son choix pour un successeur. Pour Roman, jeune et trop jeune pour mourir, sa vie semble rarement mise en doute, même si son histoire devient de moins en moins pertinente pour les détenus. À mesure qu’il perd le contrôle de son public, la prison perd également son chef, ainsi que le sens imprégné de l’encadrement et de la régularité.

Lacôte vous tient engagé à travers une intimité et un réalisme à l’intérieur de cette prison, construite et basée sur la vraie MACA, qu’il fréquentait lorsqu’il était enfant. Avec de nouveaux éléments ajoutés par Roman, les autres prisonniers jouent, avec une touche théâtrale, les mots qu’il prononce, injectant un caractère interprétatif aux scènes. Le mérite revient à Bakary et Tientcheu d’avoir mené la charge, alors qu’un casting pour la plupart inexpérimenté et brut comble les vides, donnant au film une atmosphère plus viscérale et vécue. La danse, la mise en scène et la dramaturgie se combinent pour créer un film captivant et motivé, qui se déroule au cours d’une seule soirée. Malgré son manque d’effets de qualité, l’authenticité et le caractère naturel de l’histoire transparaissent toujours, faisant avancer le récit avec chaque mot prononcé par le crédible et fantastique Bakary.

Il y a un sentiment dans Nuit des Rois comme si cela s’était déjà produit. C’est une tradition, certes, mais il existe un élément plus fort, comme si toute la narration et l’histoire étaient liées. Les prisonniers ont autant besoin de ces histoires que Roman a besoin de les raconter. Les histoires nous piègent et nous libèrent du passé, nous plaçant fermement dans le présent, sans cesse infecté et affecté par les événements décidés bien avant que nous marchions, parlions et volions à la tire. Le film de Lacôte le marque comme un cinéaste talentueux, doté d’un sens du lieu important et d’une vision visant à faire connaître au monde les traditions et les histoires de l’Afrique de l’Ouest.

Note de Michael au NYFF 2020 : 4 sur 5
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DAVIDPD le 17 octobre 2020

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Le texte ci-dessus est une traduction automatique. Source: https://www.firstshowing.net/2020/nyff-2020-the-price-power-of-storytelling-in-night-of-the-kings/?rand=21919

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Tags: dans, des, narration, nuit, NYFF, pouvoir, prix, Rois
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