Au moment où « Le règne animal » s’ouvre, l’énigmatique maladie qui trouble le monde circule depuis des années. On ne sait pas exactement où et comment cela a commencé, encore moins pourquoi ni jusqu’où cela s’est propagé. La faute est-elle due à un virus ou à une bactérie, ou à quelque chose qui se trouve dans l’air, l’eau, nos gènes ? Si nous avons appris quelque chose de notre récente pandémie, c’est que parfois les questions les plus urgentes ne trouvent pas de réponse immédiate. La grande inconnue ici est la raison pour laquelle les gens ont commencé à muter en créatures séduisantes, parfois terrifiantes, mi-humaines, mi-animales.
Les animaux à fourrure et à sabots, à plumes et à tentacules chaotiques errent, glissent et parfois hurlent dans « Le règne animal », une simulation fantastique française amusante avec une touche de comédie et quelques reflets d’horreur. Tout cela est assez déroutant pour Émile, 16 ans (un Paul Kircher poignant, délicat et ouvert), qui a du mal à gérer sa mère, Lana (Florence Deretz). L’adolescence est dure en soi sans une mère qui semble désormais post-verbale et dont le visage est couvert de fourrure. Sa respiration est également étrangement laborieuse, même si elle donne également l’impression d’échauffer un grognement. Vivre aux côtés d’autres espèces a ses joies ; ses périls aussi.
Un mystère décalé qui flirte de manière taquine avec une résonance métaphorique plus large, le film suit Émile alors que lui et son père, François (un Romain Duris nerveux et sympathique), naviguent dans leur nouvelle normalité sauvage. Lana est internée dans un établissement public depuis qu’elle a agressé Émile — les profondes égratignures sur les murs de sa chambre ressemblent aux cicatrices de son visage — et reçoit des soins. Elle est sur le point d’être transférée dans un autre établissement du sud, où vont déménager Émile et François. « Nous avons fait de vrais progrès dans le décryptage de cette maladie », les rassure un médecin. Le contrôler est une autre affaire.
Le réalisateur Thomas Cailley aborde l’histoire de manière directe et sans chichis, en vous y plongeant en douceur, sans cérémonie ni arrière-plan particulier. (Il partage le crédit du scénario avec Pauline Munier.) En quelques minutes, diverses créatures méticuleusement rendues sont entrées et sorties, et la relation amoureuse et irritable entre Émile et François s’est établie. Ce qui est également évident, c’est l’attitude concrète qu’expriment les personnages. Tout le monde s’est adapté à cette réalité désordonnée et a pris des positions pour ou contre, ce qui est étrangement familier. En même temps, comme les personnages en savent beaucoup plus que vous, du moins au début, cela crée un sentiment de malaise qui alimente joliment la terreur lancinante du film.
Un sentiment d’inquiétude discret persiste même si l’histoire évolue vers un rythme de passage à l’âge adulte. Émile entre dans une nouvelle école où il fréquente d’autres enfants, développe un béguin et change, comme tout être vivant doit le faire. (Adèle Exarchopoulos apparaît dans une intrigue secondaire, probablement parce qu’elle est un nom reconnaissable.) C’est banal mais inhabituel, comme en témoignent les points de vue opposés des adolescents sur les créatures ; les intolérants les traitent de « créatures », tandis que d’autres défendent leurs droits. Puis, alors qu’il est dans les bois, Émile rencontre l’homme-oiseau, un quasi-rapace, Fix (un impressionnant Tom Mercier aviaire), doté d’ailes majestueuses et d’un bandage là où devrait se trouver un bec. Après avoir bavardé et croassé – Fix perd la capacité de parler – ils deviennent amicaux.
L’intersection de l’humain et du non-humain – qu’il s’agisse d’animaux, de plantes, de machines ou de morts-vivants agités – est un crochet de narration fiable. Il y a du mystère dans de telles transformations, mais aussi de l’horreur, du dégoût, du pathos, de la comédie et même du désir. Comme Lana, Fix est devenu autre chose ; il est également devenu une métaphore universelle. En quelques instants, lui et les autres créatures écailleuses et pelucheuses rencontrées par Émile et François semblent représentatifs des réfugiés qui, à travers l’histoire, ont été contraints de se cacher dans les bois et les ombres de l’Europe. À d’autres moments, ils ressemblent davantage à des manifestations littérales de la bestialité de l’humanité (l’un de nous, l’un de nous !), même si c’est une autre question de savoir si c’est mauvais.
L’ambiguïté narrative peut être fructueuse, mais aussi une échappatoire, comme le démontrent fastidieusement trop de films d’art potentiels. Mais ici, le flou du film rejoint la confusion de François et surtout d’Émile, et surtout, il sert aussi de contrepoint à leur amour inébranlable pour Lana. Dans certains contes de métamorphose, les pas tout à fait humains sont inévitablement guéris ou détruits et reviennent souvent à leur forme originale. Émile et François veulent sauver Lana, quoi qu’il arrive. Cela leur donne une mission, et cela ajoute au plaisir de « Le Règne Animal », présentant un monde qui est, à bien des égards, similaire au nôtre mais dans lequel la domination de la nature ne doit pas nécessairement être la fin du monde. l’histoire.
Le règne animal
Non classé. En français, sous-titré. Durée : 2 heures 8 minutes. En salles et disponible à la location ou à l’achat sur la plupart des grandes plateformes.
Le texte ci-dessus est une traduction automatique. Source: https://www.nytimes.com/2024/03/14/movies/the-animal-kingdom-review-a-beastly-disease.html?rand=21388